La marée noire dans le désert du Koweït déclenche "l'état d'urgence": une entreprise
Koweït City (AFP) - La compagnie pétrolière koweïtienne a déclaré lundi "l'état d'urgence" à la suite d'un déversement de pétrole sur terre, dans un incident décrié par les militants écologistes comme un "problème récurrent" dans cet État du Golfe riche en énergie.
Publié le : 20/03/2023 - 14:48Modifié : 20/03/2023 - 14:46
L'urgence a été déclenchée par une "fuite de pétrole dans l'ouest du pays", a déclaré la société publique dans un communiqué, alors qu'une vidéo publiée par les médias koweïtiens montrait un tuyau jaillissant entouré d'une grande nappe de pétrole.
"Aucune blessure n'a été causée par la fuite et la production n'a pas été affectée", a déclaré le porte-parole de la société, Qusai Al-Amer, ajoutant qu'aucune émanation toxique n'avait été signalée.
La fuite "s'est produite sur un terrain mais pas dans une zone résidentielle", a-t-il précisé plus tard à l'AFP.
Des équipes ont été dépêchées pour déterminer la source de la fuite et contenir l'incident, a déclaré Al-Amer, refusant de donner l'emplacement exact ou l'étendue du déversement.
Le journal koweïtien Al Rai a publié une vidéo sur Twitter montrant un tuyau déversant de grandes quantités de pétrole sur une terre aride. L'AFP n'a pas pu vérifier les images de manière indépendante.
Le Koweït est un grand pays producteur de pétrole où près de 90 % des revenus du gouvernement proviennent du pétrole.
Le membre clé de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) produit actuellement environ 2,7 millions de barils par jour.
La Kuwait Oil Company a déjà signalé des fuites de pétrole dans ses champs en 2020 et 2016.
Le Koweït a connu deux nappes de pétrole au large de ses côtes en août 2017, dont une longue de 1,6 kilomètre (un mile). Des experts ont déclaré que l'autre déversement, près d'un champ pétrolifère conjoint saoudo-koweïtien, pourrait avoir libéré jusqu'à 35 000 barils de brut.
Le militant écologiste koweïtien Khalid Al-Hajire a déclaré que l'étendue des dommages causés par la fuite de pétrole de lundi reste largement incertaine, mais a dénoncé le non-respect du protocole environnemental.
"La pollution pétrolière que nous voyons constamment dans l'air, la terre et la mer prouve que l'industrie pétrolière n'est pas suffisamment sérieuse lorsqu'il s'agit de protéger l'environnement", a déclaré Al-Hajire, président du Green Line Environmental Group, une organisation non gouvernementale.
"Nous sommes confrontés à un problème récurrent dû à la clémence et au non-respect des normes environnementales et de sécurité", a-t-il déclaré à l'AFP, reprochant à l'Autorité publique koweïtienne de l'environnement de "ne pas traiter fermement le secteur pétrolier".
L'expert pétrolier koweïtien AbdulSamee Bahbahani a déclaré que la fuite semble provenir d'un puits de pétrole abandonné, citant des images circulant sur les réseaux sociaux.
"Je pense que le puits a été mal fermé, ce qui a entraîné une érosion des tuyaux et de la couverture de ciment, ainsi qu'une augmentation de la pression", a-t-il déclaré, expliquant la raison de la fuite de pétrole et avertissant qu'une étincelle pourrait déclencher un incendie.
En 1991, pendant la première guerre du Golfe, les forces irakiennes en retraite ont mis le feu à des centaines de puits de pétrole koweïtiens dans des incendies qui ont mis des mois à s'éteindre.
© 2023 AFP